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L'historique du CERVIN : la fin du 20e siècle

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Le CERVIN, Centre de Recherches sur la Vigne et le Vin de l'Université Bordeaux-Montaigne à été créé en 1970 par Alain Huetz de Lemps, professeur de géographie. Il en est resté le directeur jusqu'à sa retraite en 1991 et en conte la génèse à l'occasion du départ en retraite de son successeur Philippe Roudié. 

L'origine du CERVIN

L’idée de créer un centre d’études géographiques et historiques sur la vigne et le vin date de la fin des années 1960. Nous étions plusieurs géographes bordelais à nous intéresser aux problèmes viticoles. Le Doyen de la Faculté des Lettres, Louis Papy, avait fait à l’Université un remarquable Cours Public sur les vignobles du Bordelais, le professeur Henri Enjalbert était en train de rédiger un ouvrage de synthèse sur l’histoire de la vigne et du vin (ouvrage qui sera publié aux éditions Bordas en 1975), Alain Huetz de Lemps venait de soutenir à Paris sa thèse de Doctorat d’Etat sur les Vignobles et les Vins du nord-ouest de l’Espagne, sous la direction de Roger Dion et de Georges Chabot, et deux grandes thèses avaient été entreprises sur la vigne dans le Bordelais, celle de René Pijassou sur le Médoc et celle de Philippe Roudié sur les campagnes girondines.

Après s’être assuré du soutien du professeur d’Histoire Charles Higounet et l’accord de Jean Ribereau Gayon, directeur de l’Institut d’œnologie de la Faculté des Sciences, A. Huetz de Lemps proposait au Doyen Papy la création d’un Centre de Recherches sur la Vigne et le Vin.

 

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Avec plusieurs mois de retard dus au transfert de l’Institut de Géographie sur le nouveau Campus de Talence et aux évènements de mai 1968, le Doyen Papy, Henri Enjalbert, Alain Huetz de Lemps, René Pijassou et Philippe Roudié se réunissent le 29 novembre 1969 pour créer le CERVIN, qui est érigé en Centre de Recherches de la nouvelle Université de Bordeaux III le 9 novembre 1970, avec approbation ministérielle du 4 décembre 1970 ; Alain Huetz de Lemps est nommé directeur du Centre.

La vocation du CERVIN

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La vocation du Centre est alors précisée : « le CERVIN a pour objet l’étude approfondie des terroirs, des sociétés rurales, du commerce et de tous les faits de civilisation en rapport avec la vigne et le vin. Les recherches sont consacrées non seulement au vignoble bordelais et aux vignobles spécialisés dans les eaux-de-vie du Sud-Ouest de la France (Cognac, Armagnac) mais elles portent également sur l’évolution générale de la viticulture en France et sur les vignobles étrangers, en particulier les vignobles ibériques et ceux de l’hémisphère sud. Le Centre se consacre aussi à une cartographie de la viticulture dans le but de constituer un « Atlas viticole de la France ».

 

Dans les années 1970, l’essor du CERVIN fut ralenti par le manque de moyens financiers. La transformation du Centre en équipe de recherche associée au CNRS (ERA) fut envisagée mais deux équipes bordelaises venaient d’obtenir cette association, le Centre des Espaces Urbains (CESURB) et le Centre d’Occupation du Sol et du Peuplement (CROS) et le projet n’aboutit pas. L’activité du CERVIN fut orientée d’abord vers la création d’une bibliothèque spécialisée sur la vigne, le vin et les boissons en général. Cécile Colombani constitua le premier noyau puis la bibliothécaire de l’Institut de Géographie, Claudine Le Gars, accepta de prendre la charge supplémentaire de la bibliothèque du CERVIN. En second lieu, grâce à des vacations, il fut possible de procéder au dépouillement de plusieurs enquêtes agricoles du XIXe siècle, en particulier celles de 1826, 1841, 1852… et d’élaborer des cartes d’extension du vignoble français par département ou par arrondissement à ces différentes dates.

Les années 70

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Dans cette première période d’activité du CERVIN, une action particulièrement importante fut l’organisation d’un Colloque international sur la Géographie Historique des Vignobles, sous l’égide de la Commission de Géographie Historique du Comité National  Français de Géographie. Ce colloque devait être présidé par Roger Dion, mais dans une lettre émouvante évoquant les premières atteintes de sa maladie, il renonça à venir à Bordeaux. Le colloque eut lieu du 27 au 29 octobre 1977 et réunit 32 participants, historiens et géographes, français et étrangers. Plusieurs visites de châteaux prestigieux furent effectuées à cette occasion.

Les Actes de ce Colloque  furent publiés par le CNRS en deux volumes, le premier regroupant les 16 communications consacrées aux vignobles et vins français, et le second les 16 autres communications sur les vignobles étrangers, dont 5 sur l’Italie, 5 sur l’Espagne, 2 sur l’Allemagne, et 4 sur divers autres pays. L’ouvrage comporte aussi une bibliographie des travaux français publiés depuis 1950, avec environ 800 références.

 

La fin des années 1970 fut marquée par l’achèvement et la soutenance des deux grandes thèses sur les vignobles du Bordelais,  celle de René Pijassou le 13 janvier 1978 (devant un jury composé de Jacqueline Beaujeu-Garnier, Max Derruau, Henri Enjalbert, Charles Higounet, président,  Alain Huetz de Lemps, Jean Ribereau Gayon) et celle de Philippe Roudié le 23 juin 1980 (devant un jury composé de Georges Dupeux, Henri Enjalbert, Rolande Gadille, Alain Huetz de Lemps, Louis Papy, président, Pierre Perromat). La thèse de René Pijassou a été publiée sous le titre : Un grand vignoble de qualité : le Médoc  (Flammarion, 1980) ; celle de Philippe Roudié a été éditée par le CNRS en 1988 sous le titre : Vignobles et Vignerons du Bordelais , 1850-1980. De son côté, Henri Enjalbert publiait en 1983 un ouvrage sur les Grands Vins de Saint-Emilion, Pomerol et Fronsac.

Les années 80

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Au cours des années 1980, malgré plusieurs deuils (décès d’Henri Enjalbert en 1983, de Patrick Daniou en 1985, du Doyen Papy en 1990), le CERVIN continua à se développer ; le centre de documentation, grâce à Claudine Le Gars et à ses collaboratrices, prend de plus en plus d’importance et attire des chercheurs d’autres disciplines, historiens, sociologues, œnologues, agronomes, économistes… Les recherches menées dans le Bordelais sont orientées vers le dépouillement d’archives de négociants, spécialement Eschenauer et Schÿler Schröder et celles du courtier Lawton, vers l’étude de l’outillage traditionnel de la vigne et du vin, ce qui aboutit à la thèse de Jean–Pierre Hiéret, publiée en 1986, et vers l’étude comparative des terroirs viticoles du Bordelais à partir des cadastres, spécialement du cadastre dit napoléonien de la première moitié du XIXe siècle ; de très belles cartes d’occupation du sol, par commune et à grande échelle, ont été réalisées par les cartographes de l’Institut de Géographie (Jean Menault, Nicole Pau, Geneviève Ravignon),  sous la direction de Philippe Roudié pour Saint-Emilion, les Graves, une partie du Médoc.

 

Le CERVIN a organisé en 1982 un deuxième colloque international,  consacré aux Eaux-de-vie et Spiritueux. Ce colloque, qui a eu lieu à Bordeaux et à Cognac, a réuni une cinquantaine d’historiens, géographes et ethnologues, français et étrangers. Les Actes du Colloque ont été publiés, sous la direction d’Alain Huetz de Lemps et de Philippe Roudié, par le CNRS en un gros volume de 496 pages. 37 communications sont consacrées non seulement aux eaux-de-vie de vin et liqueurs de France (Cognac, Armagnac, Languedoc…) mais aussi de l’étranger (Espagne, Italie, Chili) et à des eaux-de-vie de fruits (Alsace, Calvados), de grain (whisky écossais, alcools de Chine), de canne (rhum), d’agave (Mexique)…

 

Ce colloque, de même que celui de 1977, fut l’occasion de ressérer les liens avec les historiens de l’Université, Robert Etienne et Jean-Pierre Bost pour les vignobles de l’Antiquité, Charles Higounet et Jean-Bernard Marquette pour le Moyen-Âge, Paul Butel et Jean-Pierre Poussou pour l’époque moderne, Pierre et Sylvie Guillaume  pour les XIXe et XXe siècles. Inversement, les géographes du CERVIN participèrent aux colloques et aux congrés de la Fédération Historique du Sud-Ouest, en particulier Philippe Roudié, et à diverses publications des historiens, par exemple à l’ouvrage dirigé par Charles Higounet sur la Seigneurie et le vignoble de Chateau Latour (1974, H. Enjalbert, R. Pijassou et Christian Huetz de Lemps, qui publia également, en 1975, une importante Géographie du Commerce de Bordeaux à la fin du règne de Louis XIV).

 

 Les membres du CERVIN entretiennent également d’étroites relations avec l’Institut d’œnologie de l’Université de Bordeaux II, où René Pijassou  et Alain Huetz de Lemps donnèrent des cours et où Philippe Roudié enseigne toujours dans le cadre du DUAD (Diplôme Universitaire d’Aptitude à la Dégustation). De même, Philippe Roudié participe depuis de nombreuses années aux enseignements du DESS « Droit de la Vigne et du Vin » créé par Dominique Denis et dirigé ensuite par Antoine Vialar à l’Université de Bordeaux I (aujourd’hui Bordeaux IV).

 

Les liens avec le Comité Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB) sont renforcés, grâce à l’accueil des Présidents successifs et des services de la documentation, dont la directrice, Anne Marbot, travaille en étroite relation avec Claudine Le Gars ; en 1995, le CERVIN est devenu membre du réseau Vinidoc constitué sous l’égide du CIVB.

Les années 90

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Les liens avec le Comité Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB) sont renforcés, grâce à l’accueil des Présidents successifs et des services de la documentation, dont la directrice, Anne Marbot, travaille en étroite relation avec Claudine Le Gars ; en 1995, le CERVIN est devenu membre du réseau Vinidoc constitué sous l’égide du CIVB.

La valeur des travaux des chercheurs du CERVIN est reconnue par l’Office International de la Vigne et du Vin (OIV) par des prix décernés à plusieurs publications des membres du CERVIN. La collaboration entre les deux organismes s’est concrétisée en septembre 1991, par un symposium sur la protection des terroirs viticoles organisé conjointement par le CERVIN et l’OIV alors dirigé par Robert Tinlot.

L’Institut National des Appellations d’Origine (INAO) a fait appel à René Pijassou et surtout, depuis vingt-cinq ans, à Philippe Roudié pour des expertises concernant les vignobles du Bordelais et du Bergeracois. Philippe Roudié est expert-délimitateur des appellations du vignoble bordelais et membre de la Commission de réactualisation du classement des vins de Saint-Emilion. Philippe Roudié a également développé d’étroites relations avec les syndicats agricoles, en particulier ceux de l’Entre-Deux-Mers et de Saint-Emilion.

 

 

Associé à l’historien Paul Butel, Alain Huetz de Lemps a dirigé une série de Mémoires de Maitrise sur le vignoble charentais et le cognac et en 1999, Paul Butel et Alain Huetz de Lemps ont publié un ouvrage sur Hennessy : Histoire de la Société et de la famille ; la thèse de doctorat d’Etat de Gilles Bernard sur l’agriculture charentaise a été soutenue à Bordeaux en 2004.

 

Dès sa création, le CERVIN a entrepris des échanges avec la Péninsule Ibérique ; après la soutenance de sa thèse, Alain Huetz de Lemps a étendu ses enquêtes à l’ensemble des vignobles espagnols et a publié aux Presses Universitaires de Bordeaux en 1993 un ouvrage de synthèse : Vignobles et Vins d’Espagne (voir les PUB du CERVIN). Il a participé à de nombreux colloques dans la Rioja et en Castilla y Leon ; il est devenu Docteur Honoris Causa de l’Université de Valladolid en 1998.

 

La création d’un centre associant l’Université de Porto et la Maison des Pays Ibériques de Bordeaux, le Centre Nord-Portugal-Aquitaine (CENPA), a été suivie d’une collaboration très efficace entre le CERVIN  et le CENPA, codirigé par le Recteur de Porto, Oliveira Ramos, et par notre regretté collègue François Guichard, alors Maître de Recherche au CNRS. La thèse de Doctorat d’Etat de François Guichard sur Porto, la ville dans sa région a été soutenue le 20 décembre 1983 (devant un jury composé de Pierre Barrère, président, Micheline Cassou-Mounat, Suzanne Daveau-Ribeiro, Alain Huetz de Lemps, Henri Nonn, Pereira de Oliveira de Coimbra, Oliveira Ramos de Porto ). Les membres du CERVIN participèrent aux colloques organisés à Bordeaux et à Porto par François Guichard et le CENPA. François Guichard et Philippe Roudié publièrent Vin, vignerons  et coopératives de Bordeaux et de Porto en 1985. De son côté, Alain Huetz de Lemps a publié chez Glenat un ouvrage sur le vin de Madère.

 

En Andalousie, Sophie Darmaillac, détachée à la Casa de Velazquez de Madrid, a  soutenu à Bordeaux sa thèse de Doctorat en 1993 sur les Grandes Maisons du Vignoble de Jerez ; l’ouvrage a été récemment publié par la Casa de Velazquez.  En 1994, A. Huetz de Lemps a participé au premier Congrès international de Puerto de Santa María (Cadix), qui fut suivi de plusieurs autres colloques et de la création de l’Association Internationale d’Histoire et de Civilisation de la Vigne et du Vin (Histovid) ; Philippe Roudié a été président de l’Association de 1999 à 2004.

(à suivre)

Alain Huetz de Lemps

  Mai 2005

Lors de cette première période qui correspond à la direction d'Alain Huetz de Lemps, le CERVIN apparaît complètement dans son rôle d'équipe d'accueil pour chercheurs et étudiants. Ainsi sont itinéraires est principalement jalonné par des travaux individuels, thèses notamment, des colloques et des publications.

Henri Enjalbert ( 1910 - 1983) Histoire de la vigne et du vin l'avènement de la qualité

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Professeur  de Géographie à l'Université de Bordeaux, auteur Henri Enjalbert a très tôt manifesté un intérêt certain pour la vigne et le vin ainsi que le raconte René Pijassou dans un hommage publié en 1983 :

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