top of page
Berrouet
JC Berrouet.jpg

Œnologue - consultant, directeur technique des Établissements Jean-Pierre Moueix de 1964 à 2008, Jean-Claude Berrouet fut l’œnologue de Petrus jusqu'à sa retraite, laissant la responsabilité à son fils.

Dans une série d'entretiens conduits en 2015-2016 par Jean-Michel Chevet et Jean-Claude Hinnewinkel (CERVIN/ISVV), il revient sur son itinéraire, l'origine de sa passion pour le vin, sa formation auprès d’Émile Peynaud, ses débuts à Pétrus...

Il conte aussi l'évolution de l'œnologie bordelaise tout au long de sa carrière et avec elle la question de la qualité des vins de Bordeaux.

Pour lire l'entretien

Pour lire sa communication de 2013 lors du colloque sur les Itinéraires de la qualité des vins à l'ISVV Bordeaux-Aquitaine en 2013

Pour revoir quelques articles sur le web

CERVIN : Le vin en héritage ? D’où vient ton intérêt pour le vin et l’œnologie ?

JC Berrouet : C’est le fruit d’une envie au contact de mon grand-père maternel qui était marchand de vin dans une petite cave d’un quartier populaire de Bordeaux, rue de Bègles. Celle-ci m’est venue tout petit. C’était l’époque des jeudis. Le jeudi était alors pour moi la journée sacrée où j’allais chez mon grand-père et c’est là que je m’exerçais à remplir les bouteilles. J’ouvrais à fond les robinets en bois des demi-muids, faisant mousser le vin. Je pouvais respirer les effluves vineux qui sortaient de la bouteille et cela m’a fasciné. À l’âge de sept ans, j’étais déterminé à travailler dans le vin. Je n’en ai jamais démordu et cela a toujours étonné mes parents et ma grand-mère.

Pendant ma jeunesse, je passais mes vacances à la campagne, dans une propriété du petit village de Bran, en Charente-Maritime, près de Baignes où l’on produisait du Cognac et pratiquait l’élevage. Cette ferme appartenait à des amis intimes de mes parents. Ma récompense, ma joie était d’aller dans cette ferme où je trouvais une forme d’épanouissement spirituel et un confort physique. Je suis un peu un solitaire et quand j’avais la chance de conduire le tracteur et de passer le cultipacker, c’était un immense plaisir. J’avais donc une irrésistible envie d’avoir un jour un métier agricole.

Compte-tenu de cette vocation, à la fin de la classe de troisième, je suis entré en 1957 au Lycée de Blanquefort où venait d’ouvrir une seconde d’enseignement général. Je fais ainsi partie de la première promotion. Je suis devenu pensionnaire avec une formation agricole très précoce, à l’âge de 15 ans. Je ne le regrette pas, car nous avons été façonnés par des professeurs exceptionnels. Nous devions avoir 40 heures de cours par semaine, c’était autre chose que maintenant. Les professeurs étaient souvent des agronomes, comme Mr Louis qui était de la promotion de René Dumont. Il était animateur d’une société qui s’appelait « Nature et progrès » et nous inculquait déjà l’écologie. Le terme d’écologie n’existait pas, on parlait de « Défense de la nature ». Si on ne se préoccupait pas trop des pesticides, il y avait déjà une réflexion sur tout ce qui concernait la fertilisation et l’utilisation des engrais chimiques. Cela nous était déjà inculqué, c’est fou ![1]

L’enseignement scientifique à Blanquefort était remarquable, surtout en chimie, en physique et en mathématiques. L’enseignement de français était un peu plus léger et il n’y avait pas d’enseignement des langues. Par contre tout ce qui était technique était pour nous extraordinaire. Le lycée exploitait déjà le château Dillon et nous y avions des travaux pratiques. Je me souviens de séances où il fallait déchausser la vigne avec un cheval. Certains étaient doués et habitués, mais d’autres, comme moi, n’étaient absolument pas formés et c’était une sacrée rigolade…

On nous apprenait aussi à vinifier. La dégustation n’existait pas. Même au niveau du diplôme d’œnologue, elle n’existait pratiquement pas. Il y avait aussi des enseignants de travaux pratiques, dans chacune des différentes spécialités, l’horticulture et le maraîchage, la viticulture et l’élevage. Je me souviens d’une photo parue dans le journal Sud-Ouest où je nettoyais les mamelles d’une vache avec une éponge trempée dans un mélange d’eau et de javel pour désinfecter le pis. L’enseignement était généraliste, non spécialisé, on suivait toutes les spécialités.

Le bac agricole en poche, je suis entré à l’Institut d’œnologie en octobre 1960, sur dossier. Le Diplôme National d’Œnologue (D.N.O.) s’obtenait alors en deux ans, j’ai été diplômé en juin 1962. J’ai passé le diplôme universitaire d’ampélologie en double cursus.

[1] Jean Delas est arrivé dans les années 60 et il a été un des premiers à étudier l’azote et les aliments azotés

Léon
Patrick Léon.jpg

Entretien réalisé de janvier à juin 2017 au château Les Trois Croix (Fronsac) par JM Chevet et JC Hinnewinkel

Patrick Léon fut œnologue "de campagne" à Cadillac (Gironde) puis après un passage chez Alexis Lichine & C°, il fut recruté Directeur général à la société Baron Philippe de Rothschild (1985-2004). Depuis 2006 il avait crée Léon Consulting (depuis )

 

Ces entretiens avec Patrick Léon ne concernent que ses activités jusqu’en 2004.Il devait nous conter aussi sa passion pour le château Les trois Croix à Fronsac et surtout son activité de consultant à l’international que nous évoquerons grâce aux traces que laissent sur internet ceux qu’il a conseillé. La maladie puis son décès en décembre 2018 ne nous ont pas permis d’achever de faire revivre son formidable parcours.

Comment je suis venu à l’œnologie ?

Né à Caudéran je suis donc Bordelais. A l’époque, en 1943, une personne sur quatre vivait directement ou indirectement de la vigne et du vin. Chacun avait dans sa famille un père, grand-père, cousin, oncle, impliqué dans la vigne ou le vin. Mon père était dans ce cas, pas dans la partie technique mais dans la partie administrative et comptable au sein de la Maison Cordier. Il s’occupait des comptes privés de Monsieur Jean Cordier. J’avais un oncle qui était tonnelier, un Grand Oncle liquoriste. J’ai donc vécu dans un environnement vitivinicole. Tout jeune j’avais le droit d’aller vendanger avec mon père les week-ends. Il me semble me rappeler que mon père percevait alors un demi-salaire correspondant à mon travail de vendangeur quand j’allais travailler, à Château Talbot, Gruaud-Larose. Peut-être que mon orientation vient de là !

Dès 15 ans je me suis très vite orienté vers un métier à vocation agricole. Je voulais devenir paysagiste en préparant le concours de l’école de Versailles. Je suis rentré en fait dans une école d’agriculture. Celle d’Antibes était alors la seule qui proposait la spécialité horticole. Ma mère était furieuse de me voir partir si loin…Mais elle fut quelque part rassurée car elle était fleuriste-décoratrice à Bordeaux où elle avait 3 magasins. J’avais rêvé mon projet, prévoyant de produire des fleurs pour alimenter ses magasins… Avec ce château en Espagne j’ai réussi à convaincre mes parents. Je me suis retrouvé à Antibes. Sur la Côte d’Azur à 16 ans j’ai trouvé un environnement social très différent de celui du Sud-Ouest. Chez nous on travaillait probablement moins que dans le Nord mais …certainement plus que sur la Côte d’Azur ! Dans ma promotion, je me souviens qu’il était plus important de savoir tirer à la pétanque que d’être capable de résoudre une équation mathématique. Cela m’avait choqué. Je n’ai jamais été un bon tireur !Je travaillais plus que mes camarades. Sur toute ma promotion, nous n’avons été que trois à obtenir ce que l’on appelait le bac agricole. Nous formions alors la première promotion du lycée agricole d’Antibes. Fort de ce bon résultat à Antibes, je décidais d’intégrer une classe préparatoire en vue du concours d’entrée dans une école d’ingénieur agricole. Me voici arrivé à Toulouse. J’ai très vite compris que le temps passé à Antibes m’avait éloigné de la possibilité de devenir un jour ingénieur agricole. J’avais trop de décalage dans les matières fondamentales, les mathématiques, la physique, la chimie. Je me suis dit que jamais je ne pourrai y arriver. Que faire en cours d’année d’études dites supérieures ?Je m’étais renseigné et il n’y avait qu’un seul endroit où on me prenait après un trimestre passé en prépa. C’était en œnologie à Bordeaux. Donc je suis revenu à Bordeaux… de nouveau fâché avec mes parents. Ils me reprochaient non pas de mon retour à Bordeaux, mais de ne plus envisager de faire une école d’ingénieurs…..

Lire l'entretien

A venir   témoignages sur internet

Créateur de rosés

Jauffret
JP Jauffret.png

Cet entretien avec JP Jauffret été réalisé pour le CERVIN par JC Hinnewinkel, professeur honoraire de Géographie à l'université Bordeaux-Montaigne, le 8 février 2017 avec la participation d'Hubert Mussotte, ancien directeur des services économiques du CIVB et ancien président de l'appellation Sauternes.

Nous l'avons interrogé sur les mutations de l'organisation interprofessionnelle dans les années 1970, suite à la crise profonde qui a marqué les années 1960.

Il nous parle aussi de son métier de négociant (Maison Dourthe) et de sa formation d'œnologue :.

CERVIN : Vous avez été un des premiers à présenter le Diplôme National d’œnologie (D.N.O.).

JP Jauffret : Concernant l’histoire de l’œnologue, comment a été créé le diplôme d’œnologue ? On est un pays curieux en France… Pour le traitement des vins blancs il y avait un produit très précieux avec un nom impressionnant, le ferrocyanure de potassium. Il combinait le cuivre et le fer mais provoquait des cristallisations dans la bouteille. En 1955 le gouvernement accepte d’autoriser le ferrocyanure de potassium sous le contrôle d’un œnologue. Il y avait alors des pharmaciens et les ingénieurs agronomes de certaines écoles qui avaient une formation en œnologie. Mais il n’y avait pas de diplôme national d’œnologie permettant au titulaire d’assurer légalement le contrôle. Il fallut donc le créer. J’ai démarré dans le négoce en 1955, en travaillant avec mon beau-père qui m’incita à préparer ce nouveau diplôme. La première année j’ai suivi, comme les futurs médecins, le PCB moins la biologie animale. Pour avoir le droit de rentrer il fallait obtenir les cerificat de physique, chime et de biologie végétale. Puis la seconde année j’ai préparé avec les Ribereau-Gayon et Peynaud le diplôme d’œnologue. Cet enseignement était très pratique mais beaucoup moins complexe qu’aujourd’hui. La première promotion est sortie en 1959.

Pour lire l'entretien dans son intégralité

Pour éclairer l'entretien :

  • "Dourthe n°1" : histoire d'un succès (article issu de la revue "Terres de vins" (septembre 2018)

  • L'Institut d'œnologie au service des activités viti-vinicoles bordelaises, contribution de JP Jauffret dans Regards sur l'Institut d'œnologie, Université de Bordeaux II, 1985

JM Jacob
JM Jacob.jpg

Entretien réalisé en 2018 par Jean-Michel Chevet et Jean-Claude Hinnewinkel, chercheurs associés à l’ISVV et membres du CERVIN

Œnologue formé à Bordeaux, Jean-Marie Jacob a effectué ses premiers pas comme oenologue dans le Midi. Il a ensuite rejoint les Gironde, passant ainsi la plus grande partie de sa carrière à Soussac (ci-contre) au laboratoire de la Chambre départementale d'agriculture

Mes origines œnologiques ?

Je suis né le 21 avril 1942 à Saint-Gervais en Gironde.

Mon père était un artiste sculpteur statuaire puis professeur à l’école des Beaux-Arts de BORDEAUX. Mon grand-père paternel Jean-Baptiste JACOB, que je n’ai pas eu la chance de connaître car décédé en 1941 à 45 ans fût l’un des premiers œnologues privé ingénieur chimiste à opérer dans les années 1920 dans le vignoble girondin. Il fut aussi gérant du Château d’Yquem de 1934 à 1941. Il avait été membre fondateur des œnologues et oenotechniciens de France. Je suis devenu œnologue par transmissions d’images familiales, images dans lesquelles se mêlaient « le parler du vin » de mon grand-père et l’art de mon père.

Après mes études au Lycée Agricole de l’Oisellerie en Charente, j’ai pu intégrer l'Ecole Supérieure d'Œnologie de Bordeaux créée en 1956 où j’ai obtenu mon Diplôme National d’Œnologie (DNO) en 1965. Celui-ci a été créé en 1955 et j’ai ainsi fait partie de la 11ième promotion. La formation se déroulait sur deux ans. La première année était consacrée à la préparation du certificat d'études physiques, chimiques et biologiques (dit PCB) [1] à la faculté des sciences de Bordeaux. La seconde consistait en la préparation Diplôme National d’œnologue proprement dite. Le directeur en était Jean-Ribereau-Gayon qui nous enseignait la chimie du vin. Emile Peynaud centrait son enseignement sur les vinifications en rouge comme en blanc. Ce chercheur remarquable, au savoir scientifique sans limites et excellent pédagogue, savait séduire l’auditoire. Pour lui la dégustation était un élément incontournable : « J’aime faire débuter l’œnologie par la dégustation et je voudrais que le premier outil de l’œnologue soit le verre ».

L’équipe d’enseignants était complétée par Pierre Sudraud, devenu par la suite directeur du laboratoire de la répression des Fraudes de Pessac et qui traitait de la vinification des vins liquoreux, mais aussi des vins rouges et abordait la législation sur les vins. Pascal Ribereau-Gayon, le fils de Jean intervenait sur les processus de fermentations et les vinifications en blanc. Jean-Nöel Boidron consacrait son enseignement à la chimie du vin alors qu’Anne-Marie Boidron dirigeait les travaux pratiques. En Gérard Seguin étudiait les sols viticoles, leur composition chimique et le comportement de l’eau dans le sol.

A l’issue de cette formation et sur les conseils de Guy GUIMBERTEAU, je rejoins avec Monsieur Eric STONESTREET le laboratoire de la SOVILI à Beauvoisin, dans le Gard.

[1] Le certificat d'études physiques, chimiques et biologiques (dit PCB), était un certificat d'études préparé dans les facultés des sciences et dont la détention était nécessaire pour entreprendre des études dans les facultés et écoles de médecine.

Lire l'entretien

CervinBordeauxISVV

© 2022 par CervinBordeauxISVV. Créé avec Wix.com

bottom of page