Gérard Seguin obtient le Diplôme National d’Œnologue à l’Université de Bordeaux en 1959. Recruté alors comme assistant en chimie agricole par Jean Ribereau-Gayon, il soutient un doctorat de 3ième cycle en 1965 sous l’intitulé « Études de quelques profils de sols du vignoble bordelais ».
A droite, en 1980 avec Pucheu-Planté pour le centenaire
de la naissance de la station œnologique de Bordeaux
Il obtient alors un poste de maitre-assistant qui lui permet de présenter en 1970 son doctorat d’Etat : « Les sols de vignobles du Haut-Médoc, influence sur l’alimentation en eau de la vigne et sur la maturation du raisin. » Promu maitre de conférences puis professeur des Universités, il consacra sa carrière à la formation de plusieurs générations d’œnologues, les initiant à une bonne connaissance des terroirs viticoles.
Reconnu comme expert auprès de l’OIV, il contribua par ses travaux scientifiques à la l’évolution du concept de terroir, le faisant passer d’une vision pédologique à un regard plus largement agronomique, mettant en avant le rôle du bilan hydrique des sols dans la détermination de la qualité des vins. Il fut ainsi un des grands acteurs de la reconnaissance de la valeur du terroir au niveau international. Nous l’avons interviewé à son domicile le 16 septembre 2014. Il est décédé à Bordeaux le 14 avril 2019.
CERVIN : Comment et pourquoi êtes-vous devenu œnologue ?
Gérard Seguin : Je suis rentré à l’école normale d’instituteur en 1952. En 1956 j’ai été sélectionné parmi les cinq jeunes instituteurs de l’Académie pour devenir professeur de cours complémentaires ; il y en avait deux en lettres, un en math et deux en sciences. J’étais un des deux scientifiques. J’ai donc suivi le certificat d'études physiques, chimiques et naturelles, certificat probatoire nécessaire pour poursuivre ensuite des études en licence. C’était mon professeur de mathématiques qui m’avait poussé pour cette sélection ; aussi ensuite il a regretté mes choix vers les sciences.
Je suis ensuite retourné à l’école normale pour effectuer mon année de formation professionnelle. Il y avait alors dans les écoles normales des postes de surveillant pour des instituteurs qui souhaitaient poursuivre leurs études à l’Université. Il n’y avait pas de place à Bordeaux mais j’ai été pris à Paris, à l’école normale d’Auteuil. Ainsi j’ai fait des études de géologie en Sorbonne. Reçu à l’écrit, je suis collé aux travaux pratiques car je n’avais pas assisté à ces derniers : j’avais préféré aller au théâtre, visiter des musées…
A cette époque il y eu une réorganisation des enseignements universitaires : de trois certificats nécessaires pour obtenir la licence, nous sommes passé à six unités de valeur. Revenu à l’école normale de Bordeaux où une place s’était libérée, j’ai négocié une équivalence avec l’université et j’ai obtenu une unité de valeur de géologie. Instituteur détaché comme surveillant, j’avais mon salaire d’instituteur. Comme surveillant je travaillais surtout le soir et le samedi. J’optais donc pour la biologie générale dont l’emploi du temps collait avec le mien. Il y avait aussi comme certificat une option œnologie et chimie agricole. Chimie agricole m’intéressait car il s’agissait du sol ; œnologie ne m’intéressait pas plus que cela. J’aimais bien le vin, je savais comme on le faisait, un de mes oncles étant viticulteur mais je n’étais pas attiré par cette discipline. Je suivis avec succès les cours de Jean Ribereau-Gayon et de Genevoix en œnologie et chimie agricole. L’année suivante j’obtenais ma licence.
Il se trouva à cette époque, nous étions en 1962, que deux postes d’assistants étaient vacants en œnologie et en biologie, suite à un afflux d’étudiants dans l’université. J’aurai préféré biologie mais M. Ribereau-Gayon, comme j’avais bien réussi en œnologie et en chimie agricole, me proposa le poste en œnologie. J’acceptai en posant comme condition de pouvoir préparer un doctorat d’Etat. J’étais gonflé, je n’avais rien fait en dehors de mes études. C’est ainsi que je me suis retrouvé assistant en œnologie et chimie agricole - alors que je préférais la biologie - avec comme perspectives l’étude des sols viticoles, que Genevoix nous avait mal présenté mais qui intéressaient quand même.
en 1990
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